La tototte, la tututte, la sucette, la suce, la toutouille, la lolette… bref, la tétine, quelle que soit son appellation familiale, est un vrai sujet concernant les enfants de 1 à 4 ans, voire au-delà pour certains. Pourquoi les bébés en ont-ils tant besoin ? À quel âge doit-on arrêter la tétine ? Quels sont les risques pour les enfants ? Comment s’y prendre ? Faisons le point sur ces questions que beaucoup de parents se posent. Patricia Vilfeu, orthophoniste, vous propose 7 astuces pour que votre enfant arrête la tétine en douceur.
À la naissance, certains bébés éprouvent le besoin irrépressible de têter. Souvent, c’est dès la maternité qu’on donne la tétine au nouveau-né. Le bébé tète déjà naturellement in utero alors qu’il est nourri par le cordon ombilical. La voie orale est une zone érogène et la succion est en réalité un moyen d’apaisement primordial pour le nourrisson. En effet, dès la naissance, il doit apprendre à respirer, à digérer, à faire face à des sensations inconnues jusque-là, comme la faim, le froid ou la fatigue. Il est en général préférable d’attendre quelques jours avant de donner un tétine au bébé, afin de permettre à l’allaitement de bien se mettre en place (la succion d’un embout en silicone n’a rien à voir avec la prise du sein). La tétine n’est pas forcément donnée dans le seul but de mettre un terme à des pleurs : elle a également une fonction d’anti-douleurs.
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En effet, pour prendre en charge la douleur des nourrissons, certains établissements pédiatriques donnent systématiquement une tétine aux bébés hospitalisés. C’est le cas en particulier pour les nourrissons nécessitant des soins néonataux de réanimation comme une pose de perfusion ou une ponction. Le fait de téter revêt en effet des vertus antalgiques reconnues.
Des études scientifiques ont montré que les bébés « téteurs » étaient moins sujets à la MSN que les autres. Il a été effectivement possible d’établir un lien entre les enfants ayant une tétine et le passage du sommeil à l’éveil en cas d’événements indésirables, comme une pause respiratoire. Un lien a été mis en évidence entre ces bébés et les facultés d’accélération du battement cardiaque. Il faut savoir que l’effet protecteur de la tétine se prolonge durant toute la nuit, même si le petit dormeur la perd au bout de vingt minutes.
La tétine, comme le biberon, permet la mise en place du processus physiologique de succion-déglutition, en lien avec la nutrition du jeune enfant. Le biberon est un moyen choisi par les parents en alternative de l’allaitement et en complément de l’alimentation solide, comme le biberon de lait du matin ou du soir.
C’est souvent ce biberon qui persiste parfois longtemps, peut-être trop longtemps… Par souci de facilité, ce biberon demeure l’alternative du petit déjeuner à table, permettant de limiter le temps de préparation et la surveillance de l’enfant qui le prend parfois seul dans son lit ou sur le canapé pendant que la famille s’affaire.
Le biberon, comme la tétine, porte une lourde connotation infantile. L’abandonner c’est accepter le passage du statut de bébé à celui de l’enfant et parfois les parents n’y sont pas prêts. Le jeune enfant va le ressentir et n’aura peut-être pas envie non plus de quitter ce stade, habitué au regard attendri que son entourage pose sur lui. Et cette difficulté à accepter de grandir peut entrainer une immaturité psycho-affective.
La tétine et le biberon ne sont pas sans risque non plus pour le développement des structures orales du jeune enfant, notamment s’ils sont conservés de façon tardive.
Leur arrêt semble être préconisé autour de l’âge de 3 ans.
Une succion prolongée peut avoir des répercussions anatomiques et fonctionnelles.
Ces tétées tardives empêchent la langue de s’élever au palais et peuvent entrainer :
La respiration buccale peut alors majorer les risques d’infection ORL (otites) ou dentaires (caries). Elle favorise également les troubles du sommeil et peut perturber la concentration. Elle peut même engendrer un déséquilibre postural.
Concernant le langage, il peut y avoir une incidence sur la prononciation. Le placement de la langue en position interdentale affecte les phonèmes S et Z (le fameux « cheveu sur la langue »).
L’hypotonie linguale consécutive à une succion prolongée de la tétine ou du biberon réduit aussi les capacités de mobilisation de la langue. L’enfant risque de rencontrer des difficultés pour l’élévation (affectant les phonèmes T et N) ou l’enchainement de groupes consonantiques complexes (tels que GL/TR/SK…).
Cela peut empêcher également la maturation psychomotrice de la déglutition infantile vers une déglutition secondaire (dite adulte). Les conséquences peuvent être néfastes au niveau de l’articulé dentaire (béance antérieure, proalvéolie incisive ou maxillaire) et nécessiter un suivi orthodontique par la suite.
1/ Tout d’abord, en tant que parent, faites le point avec vous-même : êtes-vous prêt à enlever la tétine à votre enfant ? Cette tétine le maintien dans ce statut de bébé, alors qu’il devient important qu’il accède à l’autonomie affective.
2/ Parlez à votre enfant : faites la liste des avantages qu’il a à devenir grand, de toutes les activités qu’il pratique et des lieux où il se rend car il n’est plus un bébé. Expliquez-lui également les « méfaits » de la tétine : elle gêne son articulation, entrave sa communication, lui donne une allure immature qui peut être sujet de moqueries de la part de ses camarades.
3/ Mettez des mots : en effet, si la tétine est proposée de manière systématique à l’enfant pour surmonter la moindre contrariété, peur ou colère, au détriment des échanges et contact, il risque d’avoir plus de mal à s’en passer et cela peut se faire au détriment du langage. Cela peut être un signe de petits maux sur lequel il est utile de mettre des mots. Faites-le verbaliser sa peine, sa frustration, sa fatigue, sa douleur ou autre. Partagez un moment de discussion où votre enfant peut trouver une occupation autre (comme dormir, écouter une histoire ou de la musique, chanter une chanson, faire un jeu, un massage ou un câlin…).
4/ Vous pouvez passer un « contrat » avec lui : décider du jour J où il arrêtera totalement la tétine. Par exemple, le jour de son anniversaire, Noël (ce peut être un don au papa Noël pour le remercier de ses cadeaux), des vacances… Choisissez bien évidemment un moment propice en évitant des situations anxiogènes comme un déménagement, l’arrivée d’un bébé, une entrée en crèche… Vous pouvez utiliser un petit calendrier où il pourra visualiser (en les coloriant par exemple) les jours qui le rapprochent de l’échéance.
5/ En tous cas, évitez les méthodes radicales comme la cacher, la jeter à la poubelle ou lui demander de l’arrêter brutalement sans préavis. Se passer de cet objet transitionnel, cette “extension d’eux-mêmes”, représente une vraie difficulté et vous ne pouvez pas la nier en employant une méthode aussi violente. Cela provoquerait sûrement l’effet inverse.
6/ Une chose est primordiale : vous devez vous tenir à vos décisions (ex : la tétine reste dans le lit). Une fois que la tétine est retirée, tenez bon sans culpabilité ! Votre enfant grandit grâce aux limites et aux frustrations.
7/ Entourez-le de ses doudous et peluches préférées pour dédramatiser la situation avec des histoires qui le feront rire (ex : La Tétine de Nina, éd. Kaléidoscope). Offrez-lui un petit cadeau pour marquer l’événement.
Dans un environnement bienveillant et en restant à l’écoute, votre enfant renoncera à la tétine de façon naturelle. Une manière pour lui de quitter son statut de bébé et de grandir !
Patricia Vilfeu, orthophoniste
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